vendredi 15 janvier 2021

NOME NOMA "Québec Post-Punk et New Wave 1979-1987" (Trésor National) – Septembre 2020

Après avoir publié la B.O. du film Viens, mon amour de John Sone (1), le label québécois Trésor National poursuit son investigation musicale dans l’underground et la marge au Canada et plus particulièrement au Québec, avec une compilation qui regroupe 13 artistes de la scène punk rock local époque 1979 à 1987. Au sommaire il n’y a que de l’obscurs, du rare avec des groupes qui ont publiés au mieux un album avec une sortie confidentielle, le plus souvent un ou deux single, ou un unique morceau sur une compilation punk. Le choix des 13 groupes a été fait par Pascal Pilote, collectionneur, archiviste, animateur de l’émission Mondo P.Q. et Sébastien Desrosiers, animateur à la radio communautaire montréalaise CIBI. En fin connaisseurs, avec une oreille alerte, les deux fans biberonnés au punk nous gâtes avec une sélection pertinente qui va ravir tous les amateurs des styles after/post punk, new/synth wave  et power pop teinté de glam rock avec des paroles en anglais ou en français. Voici la liste des 13 groupes dans l’ordre d’écoute : Vex, Leyden Zar, Pop Stress, Les Frères Pogo, The Chemicals, Blue Oil, Magnum, Demars, Pop Stress, The Wipers (à ne pas confondre avec Wipers, le groupe de Portland), Kaméléon, The Plugs, Ralph Mashats. A l’intérieur de la pochette vinyle, il y a un livret format A4 de 16 pages avec une petite bio (en français et en anglais) sur chaque groupe. Le livret à la typo fanzine tapé à la machine et photocopier est de bon esprit DIY. Les morceaux ont été remastérirés, ainsi le son, malgré les différentes sources est excellent. Que dire de plus, à part que de vous encourager à vous procurer au plus vite cette compilation, du moins si vous êtes amateur du punk rock des années 80, style Devo, Wire, The Stranglers, Ultravox

(1)   Chronique de l’album ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/10/paul-baillargeon-et-dean-morgan-viens.html

 


https://tresornational.bigcartel.com/product/nome-noma-quebec-post-punk-et-new-wave-1979-1987

https://soundcloud.com/user-55178726-221949985/sets/nome-noma-quebec-post-punk-et-new-wave-1979-1987-echantillons

https://www.discogs.com/fr/Various-Nome-Noma-Qu%C3%A9bec-Post-Punk-Et-New-Wave-1979-1987/release/15829402







jeudi 14 janvier 2021

VANISHING TWIN "Choose Your Own Adventure" (Soundway Records/Kartel Bertus) – 30 Septembre 2016


 

MES DISQUES A EMPORTER SUR UNE ILE DÉSERTE: Chronique n°9

Mon sac de disques à emporter loin des bruits de la ville, se remplit petit à petit. Heureusement, pour l’instant mon sac en plastique de la librairie Parallèles avec le dessin de Frank Margerin n’est pas encore plein. Je peux encore y glisser un neuvième album, c’est Choose Your Own Adventure, le premier long forma du groupe Vanishing Twin. En 2016, c’était mon album de l’année. En le réécoutant pour écrire cette chronique, il est clair que ce disque est important pour moi, car j’y trouve tout ce que j’aime dans le rock indé : musique cosmique, aérienne et pop qui se mélange avec finesse, au krautrock, la BO de film imaginaire, Library music et expériences psyché jazz mental et sensorielles. Avec Vanishing Twin, l’Objectif lune est atteint !

J’ai découverts le groupe grâce à une newsletter du distributeur français pour informer de la sortie de l’album, avec un lien sur un titre. Je l’écoute, c’est un coup de cœur immédiat. Je reçois quelques jours plus tard l’album en CD. Ci-dessous la chronique que j’ai écrite pour Abus Dangereux et foutraque.com :

« Quand un album séduit dès les premières notes, autant le dire de suite, on jubile à l’idée que l’on va passer un moment agréable. C’est le cas pour ce premier album de Vanishing Twin, avec en ouverture le magnifique Vanishing Twin Syndrome (en traduction, "la lyse d’un jumeau" = la mort d’un embryon au cours d’une grossesse). Malgré le sujet pas du tout réjouissant (le titre du morceau et le choix du nom du groupe), leur musique est quant à elle d’une beauté exquise, du moins si vous êtes amateur de pop éthérée (Stereolab/Brodcast/Death And Vanilla), d’expérimentions sonores et minimalistes (Add N to (X)/Beak>/Philip Glass/Pierre Henry), de krautrock raffiné (NEU !/Harmonia) et de musique lounge extraite d’une compile de Library Music.

Le groupe s’est formé à Londres en 2015 autour de Cathy Lucas, que l’on connait sous son projet d’Orlando. Sur l’album elle est en bonne compagnie avec Valentina Magaletti (également batteuse dans The Oscillation), Elliott Arndt, Phil M.F.U. (Man From Uranus) et Susumu Twin (Playgroup, 2 Many DJ’s, Zomgamin) pour à l’arrivée former un vrai groupe. Ensemble, les musiciens ont composé 9 morceaux (8 sur la version vinyle) qui mélangent expérimentations et mélodies. Chaque titre est un voyage sonore (grâce à l’instrumentation très riche) que l’on a envie de partager avec le plus grand nombre. Car Vanishing Twin a l’art de composer des morceaux complexes tout en restant mélodiques et frais, pas un seul instant prétentieux. Chez eux expérimentations et jazz riment avec pop music. Avec cette ouverture d’esprit, pas étonnant qu’ils se retrouvent non pas sur un label de musique indé, mais sur SoundWay Records, un label spécialisé dans la réédition des musiques africaines. Enfin notons le soin particulier pour les visuels (entre Blue Note et Ubu Roi) pour les pochettes, les vidéos. Bref chez eux tout est parfait. Ce premier album vous est chaudement recommandé. »


https://v-twin.bandcamp.com/album/choose-your-own-adventure




Pour compléter ma chronique, voici une interview que j’ai réalisé en 2019, lors de la sortie du deuxième album The Age Of Immunology (Fire Records). D’origine française, Elliott Arndt (percussions, flute, roue…) a répondu en français à mes questions. Merci à Alice de Fire Records pour son aide logistique. L’interview a été publié dans le fanzine Abus Dangereux face 151, juillet/septembre 2019.


 

Vanishing Twin a la particularité d’être un collectif composé de musiciens jouant dans d’autres formations. Vous pouvez nous présenter la formation 2019 qui a composé le 2ème album ?

La formation présente, qui n’a pas changé depuis la sortie du premier album, est constituée de Cathy Lucas, Valentina Magaletti, Phil MFU, Susumu Mukai et Elliott Arndt. Nous avons fait appel au fabuleux Syd Kemp pour remplacer Susumu à la basse sur quelques dates lorsque Su tournait avec Floating Points. Au tout début, il y avait Charlotte Hatherley à la basse, puis Ross Blake et Coral Rose.

Venant tous de diverses formations, comment arrivez-vous à composer pour Vanishing Twin, sans tomber dans une anarchie sonore ?
L’anarchie sonore on aime ça. Cathy a toujours été sur l’avant des opérations. C’est elle qui avait composé une bonne partie des morceaux sur le premier album. Depuis, on a beaucoup tourné et joué ensemble, et on a commencé à développer une identité sonore, et une manière d’adapter des compositions orchestrales et expérimentales pour la scène. C’est ce travail de groupe qui a donné naissance à la plupart des morceaux sur The Age Of Immunology.

Quels sont les instruments que vous utilisez ? Il y a j’imagine des instruments des années 60, 70 et 80 que vous avez chinés ?
On est toujours à la recherche de sonorités qui évoquent un monde parallèle. Par exemple traiter les instruments traditionnels d’une nouvelle façon, soit dans la manière dont ils sont joués, ou dans la manière dont ils sont enregistrés. Nous utilisons pas mal de matériel analogique pendant le processus d’enregistrement, parfois jouant avec la vitesse des bandes, ou en créant des chaines d’effets. On a tendance à faire voyager notre son à travers des fils, des ressorts, des bobines, ou à travers l’air de la pièce. C’est une recette plus originale que les effets digitaux, à notre gout. Nous collectionnons aussi les instruments étranges. Chacun d’entre nous à une collection d’une sorte ou d’une autre, que ce soit des vieilles boites à rythme, des gongs, des flutes. On a aussi conçu et commandé deux nouveaux instruments récemment. L’un est une sorte de carillons monté sur une roue, qu’Elliott utilise sur scène, et l’autre est un séquencer optique – en forme de roue aussi – encore au stade de prototype. Les deux instruments ont été fabriqués par notre ami ingénieur Youssef Ibrahim.



Vos ambiances évoquent le monde « aquatique » ou  « spatial ». La recherche d’un état de trance, de groove posé sont-ils des éléments majeurs dans la construction de vos morceaux ?
Le nom « Vanishing Twin » décrit le procédé par lequel Cathy a absorbé sa jumelle identique alors qu’elle n’était qu’un fœtus. Elle est devenue obsédée par les implications symboliques et mythologiques qu’évoquent cette absorption, avoir quelqu’un d’autre dans soi : on peut être deux personnes à la fois et exister sur multiples plans. Une bonne partie de nos chansons invoquent cette approche amphibie, dans les textes mais aussi conceptuellement, cherchant d’autres mondes, qu’ils soient cosmiques ou aquatiques. Notre musique a toujours eu une qualité évasive et un vrai caractère qui se rapproche de la synesthésie.

Votre musique a aussi des résonances très cinématographiques. D’ailleurs vos clips (ainsi que vos pochettes de disques) ont une touche entre les films pop swinging London mais en noir et blanc et les films muets où le Bauhaus et le constructivisme n’est pas loin. Vous avez des contacts dans le circuit du cinéma, des projets de bandes originales de films ?

J'ai fait une école de cinéma à Londres et travail entre autres en tant que réalisateur. On aime s’occuper de toute l’esthétique du projet nous-même. Il était normal que je me charge des clips. Cela à beaucoup informé l’image du projet, et vice versa, étant donné que la musique s’y prête aussi bien. Nous écoutons beaucoup de BO et nous avons très envie d’en composer, mais l’occasion ne s’est pas encore présentée.



Des membres de Vanishing Twin participent au collectif HA HA Sounds. Vous pouvez nous parler de ce projet étonnant, la vocation de ce collectif ? Qui du groupe y participe ?

Avec Cathy et Phil je participe a ce projet. C’est un projet de chorale écologique et expérimentale qui rassemble de nombreux musiciens de la scène londonienne. Le premier projet de HAHA Sounds était de reprendre le fameux album de David Axelrod, Earth Rot. Chose faite, le répertoire ne cesse de s’élargir et compte maintenant des morceaux de Cortex, des parties de la BO de Touki Bouki, entre autres.


Le titre de votre nouvel album fait référence au titre du livre de David Napier. Vous pouvez nous parler du choix du titre, ce que vous évoquent le thème du livre qui parle d’hypnose ?

L’anthropologiste médical David Napier a publié son livre The Age Of Immunology en 2003. Dans cet ouvrage, il explore l’idée que l’immunologie (survivre à travers l’élimination de l’autre) a infecté tous les aspects de notre société. Dans une ère ou les frontières se solidifient et les identités se fixent, ce livre nous paraît au plus pertinent. Cet album est une célébration de l’hybridité, de la contamination et de cet « autre ». Ce n’est pas la première fois que Vanishing Twin se sert de la biologie pour reformuler leur mythologie du monde. Apres tout, la grossesse est l’acceptation ultime d’un « autre ».

Comment avez-vous abordé la création de l’album The Age of Immunology ? Racontez-nous votre manière pour composer un morceau ?

Nous n’avons pas encore de recette pour la composition. Nous n’en aurons jamais, d’ailleurs. Mais cet album nous a prouvé l’efficacité de l’expérimentation en groupe et des studios éphémères. L’aspect collectif de Vanishing Twin nous a naturellement mené vers une approche libre et périphérique à la composition. Nous entamions des sessions d’improvisations dans un studio, ou sur scène, qu’on retravaillait ensuite séparément, chez nous, ou en tournée, à deux, ou trois, parfois menant à un collage sonore de provenances très variées, géographiquement, mais aussi au niveau des outils utilisés, les méthodes d’enregistrements, etc. Par exemple, le premier morceau de cet album, KRK, tire son nom de l’ile croate sur laquelle nous donnions un concert. Pendant les balances, nous sommes parti dans une longue improvisation, que nous avons enregistré par chance sur un iPhone, qu’on a ensuite retravaillé a Margate, puis mixé avec Malcolm Catto à Londres, et masterisé par Sarah Register a New York.

https://vanishingtwinmusic.bandcamp.com/album/in-piscina

https://www.facebook.com/Vanishingtwinmusic/



 

Pour clore ce spécial  Vanishing Twin, le groupe sera en live stream le 20 janvier 2021. Billet pour assister à ce live "période pandémie mondiale" ici : https://noonchorus.com/vanishing-twin/