dimanche 5 juillet 2020

DOLEMITE IS MY NAME "Music By Scott Bomar" (Mondo) – Avril 2020


En octobre 2019 la chaine Netflix diffuse Dolemite Is My Name, un biopic consacré au chanteur/slameur et comédien pimp Rudy Ray Moore, plus connu sous le nom de Dolemite. C’est Eddie Murphy qui joue le rôle de ce personnage haut en couleur.
Comme je n’ai pas vu le film, je laisse au spécialiste français de la Blaxploitation Foxy Bronx, faire son commentaire que je me suis permit de recopier de son Facebook : « Si ce n'est pas encore fait, allez visionner le biopic Netflix sur Rudy Ray Moore, Dolemite Is My Name. A part l'affiche, franchement moche (et pas du tout raccord avec les visuels de la blaxploitation), tout est réussi ici. Les scénaristes ont certes pris quelques libertés en mélangeant des scènes de Dolemite et The Human Tornado, mais ça ne nuit aucunement à la crédibilité de l'intrigue. Les références historiques et les clins d'œil sont nombreux dans les moindres décors et dialogues, un vrai régal pour les cinéphiles pointus. L'interprétation de D'Urville Martin par Wesley Snipes est croquignolesque à souhait et Eddie Murphy, dans le rôle-titre, cabotine à outrance pour le plus grand plaisir des nombreux fans du Disco Godfather. Deux heures qu'on ne voit donc pas passer. Pas de DVD, ni Blu-Ray annoncé pour l'instant. » Si vous n’avez toujours pas acheté Soul Street, le fanzine de Foxy Bronx, vous pouvez le faire en suivant son lien Facebook: https://www.facebook.com/foxybronxfanzine


Je n’ai pas vu le film, mais j’ai acheté la BO qui vient d’être édité par le label Mondo. Certes le prix est un chère (plus de 30 euros), comme toutes les sorties vinyles de Mondo, mais difficile de résister à l’objet vinyle couleur violette (purple en anglais) et sa belle pochette. La musique est composée par le bassiste Scott Bomar, pas très connu sur le vieux continent, sauf pour les amateurs des groupes The Bo-Keys (trois albums) et Impala (5 albums). Dolemite is my Name est sa première BO de film et on peut dire que Netflix lui a donné les moyens pour enregistrer à Memphis un album à l’ancienne, avec un orchestre dirigé aux petits oignons par Marc Franklin (un pote des Bo-Keys), avec des violons, trombones, flutes, percussions, synthés, guitares, harmonica, aux mains d’une trentaine de musiciens. Parmi les musiciens, notons la présence de vétérans comme Archie Turner, musicien d’Al Green et Fred Wesley, musicien de Maceo Parker. Avec un tel orchestre, il serait dommage de se planter. Pas d’inquiétude, c’est une réussite totale ! Toutes les compos sont des originaux de 2019 et l’atmosphère des années 70, style Stax Records et autre Coffy (composé par Roy Ayers) sont dans l’esprit vintage assumé. Soit de la musique soul velouté et cuivrée comme on aime. Des balades pour profiter de la gente féminine et de l’action, du groove pour faire mal aux caïds, c’est exactement l’univers de Dolemite. Bref actuellement, dans le style de musique funk 70, il n’y a pas des tonnes de disques à écouter, ainsi l’achat (malgré le prix) vous est fortement recommandé.




https://www.youtube.com/playlist?list=PLohYzz4btpaRFb5Afc1TzYc-G_7aM2c0_


Lors de la sortie en DVD des films de la collection Dolemite (en 2006 chez BQHL), j’avais écrit un petit texte pour le présenter. C’est ci-dessous :



Blaxploitation en dessous de la ceinture !

Un coup de blues : Votre conjoint(e) vient de vous plaquer, votre patron vous charge de travail, vos voisins vous empêchent de dormir, vous ne voyez pas le bout de vos études, le RSA ne vous suffit plus pour acheter vos CD et DVD. Pour oublier tout ça, un remède efficace : se mater l’intégralité des films de Dolemite.
Vous ne le connaissez pas ? Avant de vous le présenter, voici les titres de ses films : « Dolemite », « The Human Tornado », « The Monkey Hustle », « Peter Wheatstraw The Devil's Son-In-Law », « Disco Godfather ».
Vous l’avez compris, Dolemite est le roi du film à petit budget destiné au cinéma de quartier, où se télescopent : action, sexe, vulgarité, humour, le tout enveloppé avec de la musique funk 100% top class !
Du kung-fu, des belles filles avec des grosses poitrines, du surnaturel, des courses-poursuite, de la drogue, des flics ripoux, des macs habillés avec style, voilà quelques ingrédients de la recette Dolemite.
Le personnage est interprété par l’acteur Rudy Ray Moore, également co-producteur de la série. Ancien boxeur, devenu artiste de music hall, Rudy Ray Moore réalise de nombreux albums (18 !) tout au long des années 60 et 70, qui serviront de base pour le rap (plus particulièrement le gangsta-rap) et le slam. En effet ses disques sont parlés, avec de l’argot et des propos très vulgaires limite scabreux, bien en dessous de la ceinture. Très peu de musique, juste des sons du quotidien et beaucoup de « Fuck ! » et de gémissements. Vous écoutez ses vinyles en appart et votre voisin croit que vous matez des films pornos. Grâce à la vente de ses disques, Rudy Ray Moore va pouvoir financer le film « Dolemite » qui sort en salle en 1975. Malgré une absence de moyens, ce film sera un succès auprès du public black américain. Faut dire que la musique fait passer pas mal de choses ! Qu’il y ait de mauvais raccords entre les scènes, que le décor sente parfois un peu trop le studio, que l’on voit une ombre de micro, pas de problème, le style fonctionne.
Dolemite est un putain de héros, qui n’a certes rien à voir avec John Shaft, ni Bruce Lee côté physique, plutôt un Benny Hill bedonnant version black, mais il se tape toutes les filles. Il se démerde toujours pour échapper à ses ennemis, grâce notamment à ses fameux combats de karaté très cheap, et surtout Dolemite a la tchatche ! Toujours le bon mot, celui qui vous remet en place ou dans sa poche. De plus Dolemite est un excellent danseur, qui aime la sape et les jolies voitures. Bref de quoi énerver les mâles et séduire les poupées. Qu’il ait des kilos en trop et que le mot « Fuck » sorte dans chacune de ses phases, ceci n’est qu’un détail ! Pas étonnant qu’il soit devenu une icône pour les rappeurs et pour Quentin Tarentino.


Le succès étant au rendez-vous, autant continuer sur le filon. « The Human Tornado » reprend les même ingrédients, mais avec encore plus de délire top ringard. Le passage où l’on voit des malabars sortir d’une boite en carton est un pur monument du cinéma bis ! Bref la machine est lancée, et rien ne pourra l’arrêter ! « Peter Wheatstraw » sort en 78 et a des atouts pour séduire, car, là, Dolemite a rendez-vous avec le diable ou plutôt la fille du diable très répugnante ! De quoi faire fuir 10 Dolemite ! « Disco Godfather » attire moins les foules malgré le clin d’œil à « Saturday Night Fever ». Mais qu’importe, on est en 1979, et déjà l’effet Dolemite est installé pour devenir culte ! Tout comme la fait Russ Mayer, Rudy Ray Moore A vécu sur son capital grâce aux VHS et aux DVD. Ses films (avec notamment en prime le décalé « Shaolin Dolemite » sorti en 1999), ses shows, ses documentaires, ses CD et ses rééditions vinyles, tout est dispos pour le client, et ils sont nombreux. Rudy Ray Moore a inventé un genre, normal qu’il en profite ! Espérons le plus longtemps possible, car il y a quelque mois, il a été hospitalisé du diabète (79 ans au compteur !), mais tout s’est bien passé. Longue vie à la « tornade humaine » ! (NDR : Mon texte date de 2006, je l’ai laissé tel quel, mais le 19 octobre 2008 Rudy Ray Moore est mort à 81 ans, après une carrière de folie et juste pas politiquement correct. Respect à lui !).  








www.rudyraymoore.com
www.dolemite.com

samedi 4 juillet 2020

BECCA MANCARI "The Greatest Part" (Captured Tracks) – 26 juin 2020


Becca Mancari est une artiste américaine qui vit actuellement à Nashville, après avoir vécu à New-York. Donc changement de décors, et malgré la résonance que nous évoque Nashville, Becca Mancari ne s’est pas mise à composer de la musique country, mais un heureux mélange de folk et d’électro trip hop, avec des mélodies cotonneuses à donner des petits frissons dans le dos, et surtout sa voix aérienne qui nous caresses de son velours boisé, avec par moment des petits écarts bien dosé vers le son coquin FM (Like This) et danse (Lonely Boys). Dans la bio, Becca Mancari explique bien son état d’esprit pour aborder son deuxième album : « Ce disque a été la chose la plus difficile que j’ai jamais eu à écrire, en même temps, c’était aussi le plus libérateur. » Comme expliqué dans la bio, « cette dichotomie, cette friction entre le chagrin et la joie, la douleur et le pardon, le chagrin et la libération, qui se trouve au cœur de The Greatest Part » explique bien l’ambiance des 12 morceaux, qui alternent entre la lumière et la nuit, les états d’âme de l’artiste, entre la mélancolie et l’envie d’aller faire la fête. Le mélange de ses états d’âme est bien agencé par la production Zac Ferro (batteur de Paramone), qui a bien compris ce que voulais dévoiler Becca Mancari, une nouvelle citadine installé à Nashville.